L’authenticité, qu’est-ce que c’est ?

Que de mal on se donne avant de prendre son originalité chez soi, tout simplement. »

Notes sur le métier d’écrire, Jules Romain 
©Aurélie Valat

Du grec ancien authentikós : “se détermine par sa propre autorité”. 

Qui au-delà des apparences, exprime, manifeste, reflète, une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions.

Qui est de façon certaine l’œuvre de telle personne (auteur, artiste) : non altéré, pur.

Son être le plus vrai, sa personnalité la plus profonde.

Être authentique, c’est donner de la profondeur à ce que l’on fait.

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A.

ADN d’accompagnement & témoignage de coaché.

« Mais… c’est quoi, ce que tu fais, exactement ?!… »

La « Valentine » par Ettore Sottsass, pour Olivetti . ©aurelievalat.

On me pose régulièrement cette question lorsque je dis que je travaille à partir du processus créatif, en me servant de l’écriture

« Mais… Ça veut dire quoi… processus créatif… ça consiste en quoi ? » « Concrètement – ça se passe comment ? » « Et les gens qui viennent te voir c’est pour quoi ? » « Et donc tu écris avec eux ?! »  « Mais l’authenticité en fait, c’est le fait de…euh… c’est le fait de… de… euh.. de quoi, en fait ? »  « Oui, donc c’est comme de l’art-thérapie ton truc, non ? » 

Il me semble que la meilleur façon de répondre à toutes ces questions, c’est de tenter de poser un genre d’adn – le plus spécifique et pratique possible – des accompagnements que je propose, et, de partager les témoignages des personnes que j’ai accompagné.

Si je commence par cette idée d’adn, je dirais que mes accompagnements se déclinent à partir de cinq points de repères essentiels : l’occasionle canevasle lieu à soi l’oblique et le fondement. 

Et voici quelques lignes pour les illustrer chacun  : 

L’OCCASION.
C’est précisément cette sensation d’impasse ou de cul-de-sac. Quelque chose bloque, quelque chose peine, quelque chose résiste, quelque chose empêche…. Or donc une charnière est en présence, toute prête à nous faire passer un cap. 
La faille, le frein, le problème… Voilà exactement notre opportunité et notre point de départ. 

LE CANEVAS.
C’est notre toile, notre cadre, sur et dans lequel nous allons progresser. Il prend appui sur le processus créatif et ses différentes étapes.
– la préparation : notre temps d’investigation 
– l’incubation (intimation) : on couve, on infuse
– l’illumination : « je me saisis de quelque chose »
– la vérification (formulation) : on met à l’épreuve et on articule en vue d’incarner, de transmettre, de résonner, d’impacter. 
Et oui, le coaching se déroule sous forme d’entretiens, mais oui, j’utilise beaucoup l’écriture. Mettre l’autre en écriture, autant du point de vue du processus que du contenu. 
Et bien sur, ce processus n’est pas linéaire, il est itératif et circulaire.

LE LIEU À SOI.
C’est un concept simple, inspiré du texte de Virginia Woolf : prendre le temps de poser l’espace du coaching comme « un lieu à soi » qui pourrait ressembler autant au bureau de l’auteur, qu’à la salle de répétition de l’acteur, qu’à l’atelier de l’artiste-artisan.
C’est son lieu de recherche et d’élaboration.
En s’appuyant autant sur notre intelligence corporelle, que nos capacités intellectuelles, que notre savoir-faire. 

L’OBLIQUE.
C’est une façon d’approcher le problème de biais, à sa périphérie.
Disons presque qu’on le contourne, qu’on le piège – sans plus trop se questionner sur le pourquoi ni ses supposées origines.
On le met à l’extérieur de soi et on prend appui sur lui.
On se sert par exemple, d’une présentation à faire ou d’une transition à opérer, d’une difficulté relationnelle ou d’un projet à élaborer…
Pour traiter un enjeu plus profond comme sa posture, sa place, sa communication, sa vision…
Si je devais poser une image, je dirais que l’on va se concentrer sur le moteur – ou tout autre partie du véhicule – pour en venir à modifier sa conduite.

Et enfin, LE FONDEMENT.
Il s’agit fondamentalement de reprendre la main sur son récit, sa narration. Retrouver son aptitude d’auteur-interprète et sa créativité.
Son espace de jeu, entre espace normé, contraint et espace plus vivant, plus libre.
Et la joie qui accompagne cette réappropriation : entre émancipation et autonomie. Avec ce sentiment de puissance et de créativité déployée. 

J’ai pris l’habitude de demander à mes coachés de m’écrire un témoignage à l’issue de notre collaboration.
Comme une trace, une inscription, autant pour eux, que pour moi.
Vous en trouverez certains sur mon site. Il me semble quils éclairent vraiment le process et donne à mieux comprendre de quoi il s’agit.  

Aujourd’hui, j’ai souhaité en mettre un particulièrement en lumière, car il illustre bien une dimension des accompagnements que je propose, entre coaching et écriture.

Gwénaëlle, architecte, est venue me voir avec le désir d’écrire un texte décrivant tout l’itinéraire d’un projet d’architecture particulièrement emblématique de son agence.
L’objectif était de pouvoir éditer un bel objet-livre représentant son travail dans toutes ses dimensions.
Un outil de communication en somme. 

Ce qui a été puissant et passionnant, c’est qu’en se focalisant sur un projet spécifique de son agence, avec cet objectif de livre à élaborer, elle en est venue à cheminer et à se développer sur sa posture-même de professionnelle, son approche d’architecture et sa communication à plusieurs niveaux.  

Je la remercie infiniment de sa confiance et d’avoir accepté de partager ainsi son généreux témoignage.
Car pour ma part, outre le grand bonheur que ça a été de collaborer avec elle, sa demande s’est située très précisément au cœur de mon dispositif d’accompagnement.

TÉMOIGNAGE de Gwénaëlle Morice -Studio la Boétie Architecte :

« Mon projet : concevoir un outil de communication pour présenter la singularité de mon activité d’architecte afin de cibler des maîtres d’ouvrage en parfaite adéquation avec mes méthodes de travail, mon terrain d’expertise et ma sensibilité.
Mon objectif était clair, la mise en forme l’était moins.
Mes idées s’accumulaient et s’entrechoquaient les unes aux autres et je ne parvenais pas à les assembler dans le bon ordre pour écrire.
J’ai contacté Aurélie Valat pour m’accompagner dans cette réalisation et m’aider à structurer le contenu et rédiger le propos afin d’aboutir à un outil au plus proche de mon objectif.

Je m’attendais à délivrer mon chaos interne en bloc et de façon instinctive à Aurélie afin qu’elle puisse en extraire l’essentiel et le mettre en forme.
D’une certaine façon je souhaitais me décharger de ce que je ressentais comme un fardeau trop lourd à porter seule, je souhaitais que quelqu’un organise ma pensée à ma place.
Je pris conscience bien plus tard que je demandais à Aurélie de recueillir le raisin fraichement cueilli par mes soins et d’en faire seule un grand cru. J’oubliais à ce moment-là qu’un grand cru naît du travail du temps, de la qualité et de la singularité de la terre et de l’engagement des hommes qui par leur travail, leur méticulosité, permettent ensemble que s’opère la vinification dans les règles de l’art.
Il s’agit là du respect d’un processus, d’un engagement de l’homme pour aboutir à une réalisation. 

J’ai 40 ans et dirige une entreprise d’architecture depuis plus de dix ans.

Ma terre est riche certes, mon raisin est de qualité mais sans Aurélie, sans sa perspicacité, sans sa détermination, sans son obstination à me faire dire les mots justes, articulés avec précisions il n’y aurait pas eu de grand cru.
J’ai perçu au terme de ce voyage, qu’il fallait m’engager et assumer la richesse sourde que je possédais et qui n’était en rien un fardeau.
J’ai compris au terme de nos échanges que ce sur quoi je butais, mon esprit foisonnant incapable d’organiser ses pensées, n’avait besoin que d’une chose pour dissiper la confusion, un soupçon de préparation.
Je m’attendais à recevoir un texte, j’ai rencontré une possibilité que je n’osais imaginer, organiser ma pensée de façon simple. 

Le travail final d’écriture est abouti bien au-delà de mes attentes et révèle avec subtilité et simplicité la densité de mon travail et de ma pensée.

Au terme de ce voyage, je me sens renforcée et ancrée, déterminée à poursuivre l’exercice de ma profession avec justesse, engagement et légèreté. C’est une renaissance personnelle et professionnelle, la matérialisation de 20 années de travail qui se sont révélées au travers des échanges avec Aurélie Valat.
Merci infiniment pour ces moments précieux dont je conserve précieusement en mémoire le goût du nectar. »

É.

Émotion

Ce qui nous meut.

Aussi évident que cela puisse sembler, nous ne sommes pas égaux face à nos émotions. Que ce soit du point de vue de leur nature, que de leur manifestation.

Elles sont l’émanation directe de notre singularité

Notre expérience manifeste de l’autre, du monde et de nous-mêmes. 

Et tels des récits – des énigmes à percer – nos émotions portent en elles notre histoire.

Il est habituel de considérer qu’il y a six émotions fondamentales : la peur, la joie, le dégoût, la tristesse, la colère et la surprise. 
Et qu’après, viennent des émotions plus complexes : la honte, l’envie, l’amour, l’empathie…
D’ailleurs, à l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve empirique de l’existence d’un nombre limite d’émotions biologiquement déterminées

Quand on cherche l’étymologie de ce mot dans différents dictionnaires, on tombe sur la racine latine emovere : mettre en mouvement. 
Et motio : mouvement, trouble, frisson (de fièvre).
Viennent ensuite, les notions de bouleversement, secousse, saisissement. Vécues simultanément au niveau du corps et au niveau affectif. 
Avec des réactions qui peuvent aller de l’extase esthétique ou spirituelle – quand mystère et beauté du monde nous touchent – à la paralysie ou autres manifestations plus explosives. 

En somme : ce sont des visiteuses qui nous mettent en mouvement. 

Car nous ne sommes pas l’émotion ressentie, elle nous traverse, c’est tout. 

Dès lors, retrouver une forme d’hospitalité et de bienveillante curiosité face à leurs surgissements, semble une voie enrichissante à explorer. (Pas de façon systématique, bien sûr – de temps à autre, quand « un.e invité.e de choix » frappe à notre porte.)

Car aussitôt, nous refaisons une expérience intéressante : celle de la distance. 

La distance qui nous sépare de toute chose, de l’autre, du vivant. 
Et donc de cet espace – ce lieu – qu’il y a « entre » l’autre et moi, qui à la fois me relie à lui et me différencie de lui.
Or qui dit espace, dit temps. Et même, tempo. 
Notre tempo personnel – notre façon d’investir un espace à notre rythme. 
Notre autonomie, d’une certaine façon. 

Et c’est alors, que nos ressources peuvent se mobiliser, notre potentiel créatif s’activer : nous nous réapproprions notre aptitude à nous ajuster, à trouver des solutions, des idées… L’émotion n’est plus cette chose envahissante ou dérangeante, que l’on souhaite chasser, masquer. 
Ainsi accueillie, observée et remise à sa juste distance, l’émotion nous offre une ouverture et devient générateur d’énergie.

Telle une intime étrangère que nous aurions accueillie à notre table, prenant le temps d’écouter le récit de son voyage, « l’émotion » viendrait éclairer notre perception, l’enrichissant d’autres dimensions

Un peu comme ces rayons lumineux qui font vibrer la surface de l’eau et donnent aux mouvements de l’onde leur fascinante complexité.

Sources : 
L’émotion – Contribution à l’étude psychodynamique du développement de la pensée de l’enfant sans langage en interaction – Philippe ClaudonMargot Weber – Dans Devenir 2009/1 (Vol. 21), pages 61 à 99 // Petit Larousse, Le Robert, Littré, cnrtl.
Crédit Photo : Aurélie Valat